Association des Parents et amis des Enfants des Etablissements Fondés par l'Abbé Oziol
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Intervention de M. JULIEN

Directeur général du clos du Nid.



Monsieur le Président,

Monsieur le Directeur de la DT ARS,

Monsieur le Député de Lozère,

Madame la Présidente de la Communauté de Communes du Gévaudan, et représentant Madame la Présidente du Conseil Départemental,

Madame la Directrice Générale Adjointe en charge de la Solidarité Sociale,

Monseigneur l’Evêque du Diocèse de Mende,

Mesdames, Messieurs les Conseillers Départementaux,

Mesdames, Messieurs les Maires et Conseillers Municipaux,

Monsieur le Président de l’Association des Parents et Amis des Enfants des Etablissements fondés par l’Abbé Oziol (APEFAO),

Mesdames et Messieurs les Présidents d’Associations,

Mesdames Messieurs les Directeurs,

Mesdames, Messieurs les Usagers et Parents,

Mesdames, Messieurs,

La vie de l’Abbé Lucien OZIOL dont nous fêtons le centenaire de la naissance cette année c’est en grande partie l’histoire de l’édification du Clos du Nid et l’histoire de la création ex-nihilo d’institutions recevant presque 1 500 d’enfants et d’adultes handicapés physiques et mentaux, souvent profonds pour offrir une solution et une perspective aux handicapés et à leurs parents à une époque où ce type de prise en charge n’existait pas.

Or, il y a un livre qui raconte cette histoire : Les Enfants de Saint Nicolas, il raconte aussi l’histoire de l’Abbé Oziol.

A l’occasion de ce centenaire, l’APEFAO a réédité le livre « Les Enfants de Saint Nicolas ». Que tous ceux qui ont participé à sa réédition soient remerciés et en particulier Madame HUTIN et la famille OZIOL, Monsieur HOUSSARD et Monsieur CHADEFEAUX.

Car ce livre émeut encore par les extraordinaires rencontres qu’on peut y trouver. C’est le cas de cette mère arrivée par le train de Paris avec, dans ses bras, une petite créature, son fils, blottie en elle, qu’elle tenait en laisse comme une sorte « d’enfant sauvage ». désocialisé. Cette mère, s’accusa auprès de l’Abbé de maltraitance, elle voulait mourir, elle voulait être enfermée. Mais elle trouva ce jour-là un prêtre, un homme, Lucien OZIOL, qui lui paya le train de retour et accepta son fils dans son institution. Grâce à cette rencontre, « l’enfant sauvage » est devenu le berger qui, des années durant, poussa les brebis de la ferme que le Clos du nid possède à Palherets. Sa mère s’est mariée. Elle a, comme son fils, enfin vécu.

Cette histoire qu’OZIOL raconte est typique de sa philosophie à deux niveaux, il croit à l’éducation et il a compris le désarroi des parents

OZIOL comprit cette douleur, cet arrachement et ce besoin de trouver un havre pour les plus faibles et d’assurer les parents, qu’après leur mort, leur enfant ne serait pas abandonné.

Il croit à la rééducation, à l’éducation, aux stimuli pour faire progresser ou à tout le moins maintenir les capacités de la personne handicapée. C’est cette philosophie qui imprègne encore notre action même si les prises en charge ont évolué. Quand je suis arrivé au Clos du Nid, le Président m’a demandé de travailler à l’enrichissement des activités de la vie quotidienne et en particulier en MAS.

L’abbé était aussi un bâtisseur et un homme hors Gabarit

Sans doute dès le début, au sortir du séminaire son esprit vif et pratique est-il plus attiré par l’action que par la contemplation ou les exercices spirituels. De même, cet homme fait pour l’action et qui se fera dans l’action, s’ennuie un peu dans ses premières cures.

Car si un homme rude, rugueux quelques fois, c’est à une âme d’élite que nous avons à faire. C’est un bâtisseur qui, en l’espace de 10 ans, va créer là où il n’y avait rien, une institution recevant 1 500 enfants et adultes handicapés. : le président parlera tout à l’heure de toutes ses créations et innovations.

Pas étonnant que dans ces conditions-là, certains aient pris ombrage de cette supériorité dans l’art de créer, de commander, de bâtir, de parler et prêcher et convaincre même les plus puissants de la planète comme les Kennedy pour le financement de son œuvre. Pas étonnant s’il trouve devant lui dressés les jalousies, les médiocrités, la malveillance de ceux qui n’ayant pas la force de créer, ont toujours celle de nuire et de couper les têtes qui dépassent un peu trop.

L’Abbé était aussi un anticonformiste constructif dont l’œuvre est pour nous source inépuisable d’inspiration

OZIOL dans cette société ecclésiastique d’avant le Concile encore très compassée se démarque par ses fréquentations. Très vite, il se lie d’amitié, et il noue une estime réciproque, avec le Dr Tosquelles. Dire que ce catalan trotskiste, antistalinien, psychanalyste et psychiatre est sulfureux, c’est peu dire.

C’est pourtant avec lui qu’il va construire la prise en charge des handicapés dans la radicalité de l’ouverture et où l’institution se soigne en organisant au niveau des équipes cliniques, auxquelles le Directeur OZIOL participe, des sortes de mini-soviets, où le psychanalyste donne la parole aussi bien à la femme de ménage qu’à la psychologue. Etonnant, comme pouvaient être les références de l’Abbé qui cite Sainte Thérèse d’AVILA qui, selon lui, était la grand-mère, la psychanalyse Freud, le père Platon, le grand-père. Curieuse trinité ! Mais il est vrai aussi qu’il cite Victor Hugo, Saint Ignace de Loyola et bien sur l’Evangile mais aussi Rabelais. Et quand on regarde chacune de ces références, on y trouve bien de l’originalité mais aussi une énorme cohérence.

Certes, il ne s’agit pas ici d’instruire le procès en béatification de l’Abbé. Cet homme d’exception, hors norme, n’était pas parfait. Mais ses imperfections, son incomplétude laissent transparaitre un homme profondément sensible et préoccupé de l’autre et cherchant sa voie pour devenir ce prêtre qu’il a, quoiqu’il advienne, essayé d’être toute sa vie.

Ce prêtre qui le Vendredi saint 1956, s’effondre à la première station du chemin de croix, lorsqu’il apprend que « le petit de Langogne » un de ses 3 premiers résidents qu’il avait reçu le soir de Noël 1955, vient de mourir. Il se relèvera pourtant, malgré l’intense, la profonde, la personnelle douleur qu’il ressentit alors. Rester à son poste pour accueillir les 1 500 autres enfants dont il était devenu, en quelque sorte, le père1.

C’est cet homme que nous voulons honorer aujourd’hui. Puisse-t-il nourrir l’inspiration de ceux qui viennent après lui car son œuvre était très en avance sur son temps, le Président le dira tout à l’heure. Voilà pourquoi on peut dire que son œuvre et être une source de renouveau c’est d’autant plus facile de la continuer que beaucoup d’entre vous l’ont connu et aimé et resté fidèle comme Jacques Blanc qui travailla comme neuropsychiatre du Clos du Nid et successeur de Tosquelles et qui s’inspira de son expérience de terrain lors de la rédaction de la loi de 1975 dont il fut le rapporteur pour venir couronner et encadrer une œuvre qui nous dépasse et dont nous assurerons la pérennité par la continuation de l’innovation au service des personnes en situation de handicap.